Moutarde : Un allergène alimentaire prioritaire au Canada - Un examen systématique

PDFCat. : H164-115/2010F-PDF
ISBN : 978-1-100-93483-9

Sommaire

Afin de déterminer la validité scientifique de l'ajout de la moutarde à la liste des allergènes alimentaires prioritaires au Canada, les scientifiques de Santé Canada ont entrepris un examen systématique de la documentation présentant l'information disponible sur l'allergénicité de la moutarde. L'information retenue comme pertinente pour l'évaluation a été étudiée en ayant recours aux critères canadiens établis pour la modification de la liste des allergènes alimentaires prioritaires.

En tout, 42 publications de documentation scientifique ont été considérées comme étant pertinentes pour déterminer si la moutarde est un allergène alimentaire. Les observations suivantes étaient disponibles pour justifier l'ajout de la moutarde à la liste des allergènes alimentaires au Canada :

  • Des rapports de cas canadiens appuient l'existence de l'allergie à la moutarde chez les enfants et les adultes canadiens;
  • Une relation de cause à effet crédible est appuyée par des tests de provocation orale en double aveugle comparatifs avec placebo conçus pour évaluer l'allergénicité de la moutarde;
  • Des rapports décrivent des réactions systémiques graves, dont l'anaphylaxie, à la suite de l'exposition à de très faibles quantités de moutarde dans les denrées alimentaires;
  • La moutarde paraît sur la liste la plus récente des 14 allergènes dont la présence doit être déclarée sur les étiquettes (mise à jour en 2007) publiée par la Commission européenne (CE, 2007) et celle-ci est reconnue comme allergène par l'Union internationale des sociétés d'immunologie (UISI, 2009);
  • Les trois types de graines de moutarde sont disponibles au Canada, et la moutarde y est utilisée en cuisine, de même que dans les aliments transformés et préemballés;
  • Les résultats des études de caractérisation des protéines allergéniques indiquent que les protéines de la moutarde résistent à la dégradation par la chaleur et par les enzymes digestifs, ce qui fait en sorte que ces protéines sont susceptibles de supporter les processus de transformation alimentaire;
  • Les protéines allergéniques thermostables de la moutarde peuvent être cachées dans certaines préparations et dans certains ingrédients et mélanges intégrés aux aliments transformés préemballés;
  • Les personnes sensibles aux protéines allergènes d'un type de graines de moutarde sont vraisemblablement sensibles aux autres types;
  • D'autres facteurs font en sorte que l'allergie à la moutarde soit pertinente en contexte canadien; il s'agit de la réactivité croisée potentielle entre la moutarde et la graine de colza, du fait que le Canada soit un important producteur de ces deux végétaux et du fait que la sensibilisation à la moutarde puisse survenir par l'exposition dermique et respiratoire.

Les observations scientifiques ont satisfait aux critères canadiens pour l'ajout d'un nouvel aliment à la liste des allergènes prioritaires au Canada. Puisqu'elle satisfait tous les critères, on a recommandé l'ajout de la moutarde à la liste canadienne des allergènes alimentaires et que le Règlement sur les aliments et drogues, en vertu duquel l'amélioration de l'étiquetage à l'égard des allergènes prioritaires dans les aliments préemballés est exigé, soit appliqué en conséquence afin de veiller à ce que les consommateurs canadiens allergiques à la moutarde soient protégés de manière adéquate.

Situation

Le 26 juillet 2008, Santé Canada a publié ses propositions de modification du Règlement sur les aliments et drogues (1220 - Étiquetage amélioré des sources d'allergènes alimentaires et de gluten et des sulfites ajoutés) dans la partie I de la Gazette du Canada (GCI). On a reçu un peu plus de 140 commentaires du public, de groupes de patients, de professionnels de la santé, d'un organisme de consommateurs et d'organismes gouvernementaux pendant la période de consultation publique au sujet des modifications proposées.

Vingt-deux pour cent des répondants ont demandé que la moutarde et (ou) les graines de moutarde soient ajoutées à la liste des allergènes alimentaires prioritaires dans les modifications réglementaires, et ce, sur la base d'observations ou d'expériences personnelles d'effets indésirables associés à la consommation de moutarde et (ou) de produits alimentaires contenant de la moutarde et (ou) des graines de moutarde.

En réponse à la rétroaction reçue pendant la consultation publique, Santé Canada a entrepris un examen systématique de la documentation scientifique disponible afin de déterminer la validité scientifique de l'ajout de la moutarde à la liste des allergènes alimentaires prioritaires au Canada. Les aliments qui sont énumérés dans la définition de l'expression allergène alimentaire telle que proposée dans les modifications au Règlement sur les aliments et drogues exigerait que la source d'allergène alimentaire soit déclarée sur l'étiquette des produits alimentaires préemballés.

Objectif

Afin de déterminer la validité scientifique de l'ajout de la moutarde à la liste canadienne des allergènes alimentaires prioritaires, l'information obtenue au moyen d'un examen systématique de la documentation scientifique disponible au sujet de l'allergénicité potentielle de la moutarde doit satisfaire aux critères qui s'appliquent au Canada pour justifier la modification de la liste des allergènes alimentaires prioritaires.

Méthodes

Les méthodes pour la gestion et l'évaluation de l'information scientifique disponible ont été mises au point dans le but d'adopter une démarche uniforme et transparente à l'égard de l'évaluation de l'allergénicité potentielle d'un aliment ou d'un ingrédient alimentaire (hyperlink/reference to criteria document).

Collecte systématique de données

Des recherches ont été menées dans les publications en anglais, en français ou en espagnol dans les bases de données électroniques suivantes : Ovid Medline® In-Process & Other Non-Indexed Citations; Ovid Medline®, de 1950 à ce jour; Ovid Medline® In-Process & Other Non-Indexed Citations, 18 novembre 2008; Ovid Embase, de 1980 à 2008, semaine 45; FSTA Direct, dont la dernière mise à jour a eu lieu le 10 novembre 2008. Les détails sur les critères de recherche sont présentés à l'Annexe 1.

Organisation et mise en ordre des données

Toutes les études qui ont satisfait aux critères de sélection (voir les méthodes) ont été examinées et évaluées sur la base de la qualité des preuves. Les publications inclassables au moyen de ces critères ont été citées en référence dans les résultats sous la rubrique (A) Caractérisation de la moutarde. Les observations scientifiques issues des publications qui ont satisfait aux paramètres de la qualité des preuves ont été tabulées selon les catégories suivantes :

Résultats

En tout, 358 publications ont été repérées au moyen de la recherche dans les bases de données en utilisant les termes présentés à l'Annexe 1. Cependant, sur la base des critères d'inclusion et d'exclusion, seules 42 publications ont été sélectionnées et considérées comme pertinentes au regard des objectifs de cet examen. Parmi ces 42 publications, 27 ont été groupées selon la qualité des preuves, dans les tableaux 1 à 4, conformément aux recommandations réglementaires. Les 15 publications restantes n'ont pas été intégrées à l'analyse des risques; cependant, celles-ci fournissaient de l'information à l'égard de la caractérisation de la moutarde et elles ont été retenues pour leur pertinence dans le cadre de l'évaluation.

A. Caractérisation de la moutarde

La moutarde est une plante herbacée à fleurs (Angiospermæ) qui appartient à la famille des Brassicaceæ. (auparavant connue comme Cruciferæ), laquelle comprend, mais sans s'y limiter le chou, le chou-fleur, les choux de Bruxelles, le navet, les radis, le brocoli et le fourrage (le colza) (Rancé, 2003).

Les graines de moutarde sont vendues entières, moulues en poudre ou transformées davantage en moutarde préparée. La moutarde préparée est couramment utilisée comme condiment, et les graines de moutarde ainsi que la poudre de moutarde sont de plus en plus utilisées dans la cuisine tout comme dans les aliments transformés et préemballés, et ce, pour leurs propriétés aromatiques, émulsifiantes, hydrophiles et texturantes (AAC, 2009a).

Les principaux types de graines de moutarde utilisées en cuisine et dans les aliments transformés sont : les graines blanches (Sinapis alba ou moutarde jaune), joncées (Brassica juncea ou moutarde d'Inde) et noires (Brassica nigra ou moutarde noire). Habituellement, la poudre de moutarde vendue sur le marché est constituée d'un mélange de graines noires et blanches moulues, et la moutarde est composée de graines de moutarde, de sel, de vinaigre, de farine de blé ainsi que d'autres épices et additifs. Les graines de moutarde blanches sont beaucoup plus grosses et beaucoup moins piquantes que la variété joncée et elles constituent le principal ingrédient des moutardes de type nord-américain. Les graines de moutarde blanches et joncées sont mélangées pour préparer les moutardes à l'anglaise et elles constituent le principal ingrédient des moutardes de types européen et asiatique (AAC 2009a).

Les trois types de graines de moutarde sont vendus en Amérique du Nord. De fait, le Canada est un chef de file mondial du marché international des graines de moutarde et il compte pour 35 % de la production mondiale et 50 % des exportations mondiales (AAC, 2009b).

Selon les renseignements fournis par Agriculture et Agroalimentaire Canada, les graines de moutarde jaunes contiennent : de 20 à 30 % de protéines, de 24 à 35 % d'huile, de 6 à 12 % de lipides et de 12 à 18 % de glucides (AAC, 2009a). La moutarde contient aussi des agents irritants qui peuvent causer des réactions non immunes semblables aux réactions allergiques, par exemple la capsaïcine, l'ingrédient irritant du piment sec, et des isothiocyanates. La capsaïcine peut libérer la substance P, laquelle peut provoquer une dégranulation des basophiles dans laquelle n'interviennent pas les immunoglobulines E (IgE) (Niinimäki et al., 1995). Par conséquent, il est important de fonder le diagnostic de l'allergie à la moutarde sur l'observation d'une réaction dans laquelle interviennent les IgE. Les premières études abordaient la question à savoir si les réactions indésirables associées à la consommation de moutarde étaient attribuables à la sensibilité à l'isothiocyanate. Des extraits de moutarde traités à la myrosinase, laquelle dégrade les isothiocyanates, n'ont pas réduit la puissance allergénique cutanée de l'extrait. Un traitement semblable avec l'enzyme protéolytique a réduit l'allergénicité cutanée. Ceci a permis de démontrer que la réaction allergique à la moutarde est déclenchée par la protéine (Leanizbarrutia et al., 1987).

Les principales protéines allergéniques de la moutarde ont été identifiées et caractérisées. L'allergène majeur de la moutarde est une albumine 2S, Sin a 1, laquelle est une protéine de réserve de la graine composée d'une chaîne lourde et d'une chaîne légère (39 et 88 acides aminés) qui sont liées par deux ponts disulfures (Menendez-Aris et al., 1988). Cette protéine de réserve de la graine a aussi été isolée du colza, de plantes légumineuses (pois et soya), de la noix, des graines de sésame et des noix du Brésil, et celle-ci est résistante à la dégradation thermique (Bartolome et al., 1997; Bush et Helfe, 1996; Menendez-Aris et al., 1988; Teuber et al., 1998).

La principale albumine 2S de la moutarde jaune est Sin a 1 et il s'agit d'une protéine thermostable qui résiste à la digestion par la trypsine et à la dégradation par d'autres enzymes protéolytiques (Dominguez et al., 1990; Gonzàlez de la Pene et al., 1996; Menendez-Arias et al., 1990; Monsalve et al., 1993; Palomares et al., 2005). Sin a 1 est capable d'interagir avec les lipides membranaires (Onaderra et al., 1994). On suppose que cette interaction facilite l'assimilation de Sin a 1 à la barrière intestinale, ce qui augmente la résistance de Sin a 1 à la digestion par les protéases. La liaison de Sin a 1 aux membranes des cellules B permettrait la liaison croisée des protéines à la surface des cellules, favorisant ainsi l'activation des cellules B et in fine, une réaction immune (Onaderra et al., 1994).

La caractérisation de l'allergène majeur trouvé dans la moutarde d'Inde (Brassica juncea), Bra j 1, a révélé que Bra j 1 et Sin a 1 possède un épitope homologue (Gonzàlez de la Pene et al., 1991; Monsalve et al., 1993; Palomares et al., 2007). Ces découvertes signifient que les personnes sensibles à une espèce de moutarde sont vraisemblablement sensibles aux autres espèces. Qui plus est, dans la documentation, une réactivité croisée marquée in vitro a été décrite entre le principal allergène du colza (Bn 3) et Sin a 1 (Asero et al., 2002; Bartolome et al., 1997). Cependant, la sensibilité croisée entre les autres espèces de Brassicacæe semble rare (Rancé, 2003). L'explication relative à cette observation pourrait être le fait que les protéines des légumes-feuilles crucifères sont plus vulnérables à la digestion et à la dégradation thermique que les protéines allergéniques que contient la moutarde (Astwood et al., 1996; Caballero et al., 2002).

B. Études cliniques charnières (tableau 1, Annexe 2)

Trois études cliniques charnières sont considérées comme déterminantes pour établir la qualité des preuves à l'appui des recommandations réglementaires présentées au tableau 1 et dont les résumés détaillés paraissent à l'Annexe 2. Deux études comportant des essais de provocation orale en double aveugle comparatifs avec placebo (Figueroa et al., 2005; Morisset et al., 2003) et une étude comportant des essais de provocation orale en simple aveugle comparatifs avec placebo (SBPCFCM) (Rancé et al., 2000 & 2001) ont été relevées dans la documentation.

Parmi les études comportant des essais de provocation orale en double aveugle comparatifs avec placebo, un premier plan d'étude était aléatoire et portait principalement sur des sujets adultes (Figueroa et al., 2005). Le second plan d'étude, quant à lui, n'était pas aléatoire et portait principalement sur des enfants (Morisset et al., 2003). Dans les deux études, le nombre de sujets recrutés qui ont effectivement participé aux provocations était limité. Des 38 sujets recrutés dans l'essai de Figueroa et al. (2005), seuls 24 sujets ont participé à la provocation orale. Par la suite, des 30 sujets recrutés dans l'essai de Morisset et al. (2003), seuls 24 sujets ont participé à la provocation orale. Les sujets les plus sensibles, soit ceux qui avaient des antécédents d'anaphylaxie, ont été exclus des provocations.

Dans ces deux études, on a masqué le goût prononcé de la moutarde en la mélangeant à d'autres produits alimentaires. Figureoa et al. (2005) ont donné aux sujets des doses croissantes de moutarde jaune préparée dissimulée (80, 240, 800, 2 400 et 6 480 mg) qui contenait des graines de moutarde (S. alba) (14 % p/v) à des intervalles de 15 minutes jusqu'à ce qu'une réaction clinique se manifeste ou jusqu'à ce qu'une dose cumulative de 10 g de moutarde préparée ait été administrée. Morisset et al. (2003) ont provoqué les sujets avec des doses croissantes d'assaisonnement à la moutarde dissimulé (10, 30, 100, 300 et 900 mg) contenant 33,6 % de graines de moutarde B. juncea à des intervalles de 20 minutes jusqu'à ce que la dose cumulative de 1 340 mg d'assaisonnement à la moutarde ait été administrée. Les deux groupes de chercheurs ont précisé que les produits de moutarde utilisés dans les essais étaient exempts de métabisulfite, ce qui a assuré que toute réaction observée après la provocation était attribuable à l'allergie à la moutarde.

Dans l'essai de Figueroa et al., (2005), 14 des 24 sujets provoqués (58 %) ont manifesté une réaction positive spécifique à la moutarde. Parmi les réactions positives, le syndrome d'allergie orale a été le symptôme le plus fréquemment observé, soit chez 10 sujets (71 %). Comme cette réaction était caractérisée par un prurit et par un léger oedème de Quincke aux lèvres, à la langue, au palais et à la gorge, suivis par la résorption rapide des symptômes, on l'a considérée comme légère. Après avoir ingéré la moutarde préparée, un angio-oedème et un asthme se sont manifestés chez un sujet (1/14; 7 %) et un autre a déclaré une réaction anaphylactique systémique (1/14; 7 %). Dans ces deux cas, la dose déclenchante était de 156,8 mg de moutarde préparée et la réaction a été considérée comme étant de modérée à grave, respectivement, sur la base des critères établis par Brown (2004). La dose la plus faible qui a déclenché une réaction était de 44,8 mg de moutarde préparée. La dose cumulative déclenchante moyenne de moutarde préparée (±ET) était de 891,4 ± 855,2 mg, soit équivalente à 124,8 ± 119,7 mg de graines de moutarde (S. alba).

Les résultats de cette étude ont aussi fait état d'une association significative entre l'hypersensibilité à la moutarde et la sensibilisation au pollen d'armoise commune (97 % des patients). Qui plus est, environ 40 % des sujets étaient allergiques à au moins un autre produit alimentaire de la famille des Brassicaceæ. Ceci permet de présumer l'existence de réactions croisées entre la moutarde et les aliments qui y sont apparentés sur le plan taxinomique. L'anaphylaxie causée par l'exercice a aussi été associée à 2 % des cas.

Dans l'essai de Morisset et al. (2003), 7 des 30 sujets provoqués (23 %) ont manifesté une réaction positive spécifique à la moutarde. Les réactions positives étaient les suivantes : eczéma, urticaire, rhinite, conjonctivite, douleurs abdominales, diarrhée, prurit, éternuements, érythème et sifflement avec une prédominance de manifestations cutanées (5/7; 72 %), suivies de symptômes respiratoires et gastrointestinaux (4/7; 57 %). Isolément, les manifestations cutanées sont considérées comme des réactions légères, alors que les symptômes gastrointestinaux et respiratoires sont considérés comme des réactions modérément graves (Brown, 2004). On n'a pas fait état d'anaphylaxie ni de symptômes en rapport avec une hypoxie ou une hypotension, lesquelles sont considérées comme des réactions graves. La dose cumulative mise à l'essai s'élevait à 1 340 mg d'assaisonnement à la moutarde. Les doses déclenchantes les plus faibles était de 440 et de 40 mg d'assaisonnement à la moutarde. En réaction à la dose de 40 mg d'assaisonnement à la moutarde, la rhinite et l'urticaire se sont manifestées chez le sujet. Selon les calculs, cette dose d'assaisonnement à la moutarde (40 mg) est équivalente à 13,5 mg de graines de moutarde (B. juncea), ce qui est à peu près équivalent à 0,8 mg de protéines de moutarde (les graines de moutarde B. juncea contiennent 6 % de protéines de moutarde). On a indiqué que le sujet avait été sensibilisé aux pollens de moutarde et de colza. On a aussi précisé que le sujet vit dans un secteur avoisinant une usine d'assaisonnement à la moutarde dont émane une odeur désagréable. Dans ce cas, la réactivité cutanée a été observée avec les deux espèces de moutarde, (B. nigra et B. juncea), ce qui révèle une sensibilisation croisée.

En plus du plan d'étude et de l'âge des sujets, une autre différence entre ces deux études comportant des tests de provocation orale en double aveugle comparatifs avec placebo mérite qu'on la souligne. Dans le cadre de l'étude de Morisset et al. (2003), on a observé que les tests de piqûre cutanée positifs et la présence des IgE spécifiques telle que déterminée par la technique RAST n'étaient pas prédictifs d'un résultat positif. Au contraire, l'étude de Figueroa et al. (2005) a démontré une relation significative entre le diamètre moyen de la papule oedémateuse provoquée par le test par piqûre (effectué avec un extrait de moutarde commercial) et le résultat de la provocation, lequel s'est soldé par une valeur de seuil de 8 mm, avec une spécificité de 90 % et une sensibilité de 50 %.

L'étude comportant des tests de provocation orale en simple aveugle comparatifs avec placebo réalisée par Rancé et al. (2000 et 2001) a porté sur 36 enfants (22 garçons et 14 filles) âgés de 10 mois à 15 ans (de 5,5 ans en moyenne) qui avaient eu des résultats positifs au test par piqûre pour la moutarde, et on leur a comparé 22 sujets témoins sans antécédents d'allergie alimentaire. Les détails ont été apportés sur les graines de moutarde utilisées pour le test par piqûre (poudre de graines de moutarde, dont de Sinapsis alba et de Brassica juncea, 1:10 p/v, d'une concentration protéique de 5 mg/ml); cependant, on n'a pas établi clairement si la même source de moutarde a été utilisée pour la provocation orale.

Des 36 sujets provoqués, 15 ont eu des réactions positives (42 %) et 21 n'ont pas manifesté de symptômes d'allergie à la moutarde. Chez huit (53 %) des sujets qui ont subi des réactions positives à la moutarde, des réactions à celle-ci s'étaient déjà manifestées avant l'âge de trois ans. Sur la base de cette observation, les auteurs suggèrent qu'une sensibilisation à la moutarde peut survenir par l'allaitement ou in utero.

Après la provocation, les réactions suivantes ont été observées : urticaire (14 cas), rhinoconjonctivite (3 cas), oedème de Quincke (1 cas), syndrome d'allergie orale (1 cas) et eczéma (1 cas). On a considéré que ces réactions étaient d'une gravité légère à modérée (Brown, 2004). Cependant, les 54 caractéristiques cliniques initiales des sujets comprenaient l'asthme (5 cas, 9 %) et dans un cas, l'oedème laryngé avec le syndrome d'allergie orale et la rhinoconjonctivite (2 %). Ces réactions provoquent un risque élevé d'hypoxie et sont, par conséquent, considérés comme étant plus graves que les manifestations cutanées prédominantes observées après le test de provocation orale en simple aveugle comparatif avec placebo. La dose déclenchante cumulative de l'essai de provocation orale en simple aveugle comparatif avec placebo a varié de 1 à 936 mg de poudre de moutarde. La dose déclenchante cumulative moyenne était de 153 mg de poudre de moutarde. Aucune réaction au placebo n'a été observée. On doit également souligner que 67 % (24/36) des sujets étaient aussi allergiques à d'autres aliments, dont à l'arachide, à l'oeuf et au lait.

C. Études cliniques non charnières (tableau 2)

Dans la documentation, six études ont été identifiées comme s'appuyant sur une évaluation ouverte de l'allergénicité, lesquelles comprenaient la moutarde parmi les denrées alimentaires soumises à l'essai. Pour réaliser ces évaluations, on a eu recours aux provocations orales et labiales et (ou) à une combinaison de test par piqûre, de technique RAST et de détermination des IgE sériques spécifiques à la moutarde afin de vérifier s'il y avait une réaction allergique et de quantifier la prévalence des réactions à certaines denrées alimentaires. Ces études sont présentées au tableau 2.

Niinimäki et al. (1989) ont eu recours au test par piqûre et à la technique RAST chez 50 sujets ayant des antécédents de réactions aux épices et au pollen. La moutarde, comprise dans la gamme d'épices, a été mise à l'essai dans une solution pour essai de 5 % (p/v). Des réactions positives à la moutarde se sont manifestées chez 58 % des sujets en ayant recours, soit au test par piqûre, soit à la technique RAST. Qui plus est, des résultats positifs ont été obtenus au test par piqûre chez 3 enfants âgés de 1 à 1,5 an, lesquels avaient été allaités pendant 11 mois et n'avaient jamais ingéré de moutarde par la suite. Ces résultats permettent de présumer que le transfert des allergènes de la moutarde par le lait maternel est possible, et ceci vient appuyer l'opinion exprimée par Rancé et al. (2000 et 2001) selon laquelle la sensibilisation à la moutarde pourrait survenir par l'allaitement ou in utero.

Rancé et al. (1994) ont mené une étude semblable mise au point pour évaluer la prévalence des réactions allergiques à diverses épices chez les enfants ayant des antécédents d'allergies alimentaires et au pollen. Dans cette étude, 83 enfants ont été évalués en ayant recours au test par piqûre et au dosage des IgE pour une variété d'épices particulières, y compris la moutarde. Des 83 sujets, 23 (28 %) ont obtenu des résultats positifs au test par piqûre et au dosage des IgE pour la moutarde. Parmi les 23 sujets, 11 ont réagi à la moutarde. Chez ceux-ci, des symptômes associés au syndrome d'allergie orale, à l'urticaire et à la conjonctivite se sont manifestés. On a considéré que ces symptômes étaient d'une gravité légère (Brown, 2004). L'allergie à la moutarde a aussi été confirmée par des provocations orale et labiale chez 7 des 23 sujets.

Rancé et Dutau (1997) se sont penchés sur plus de 25 allergènes alimentaires chez 142 enfants ayant des antécédents d'allergies alimentaires. Les sujets ont été soumis à une provocation labiale pour diverses denrées alimentaires, et lorsque les résultats de celle-ci se sont révélés négatifs, un test de provocation orale en simple aveugle comparatif avec placebo a été mené. Chez 23 sujets (16 %), il a été observé une réaction positive à la moutarde, soit chez 16 de ceux-ci, par provocation labiale et chez 7 de ceux-ci, par essai de provocation orale en simple aveugle comparatif avec placebo. Dans le cadre de cette étude, la moutarde se classait au 3e rang des allergènes alimentaires, soit après les oeufs (75 %) et les arachides (60 %). Rancé et Dutau (1998) ont aussi fait état d'une prévalence semblable d'allergie à la moutarde (12 %) parmi 45 enfants allergiques à 3 aliments différents ou davantage. En 2002, Rancé et Dutau ont aussi fait état d'une prévalence de 7 % de l'allergie à la moutarde parmi des enfants déjà atteints d'asthme mesuré par des épreuves fonctionnelles respiratoires (Rancé et Dutau, 2002). Cependant, la prévalence élevée d'allergie à la moutarde chez les enfants en France, comme décrite par Rancé et al., semble être plus fréquente dans la région du sud-ouest que dans les autres régions de la France (Moneret-Vautrin, 2006). Niinimäki et al., (1995) ont fait état d'une prévalence légèrement plus élevée de réactions positives : les IgE spécifiques à la moutarde se sont révélées élevées chez 22 sujets sur 49 (44 %), âgés d'en moyenne 16,5 ans, lesquels avaient des antécédents d'allergies aux épices et au pollen de bouleau.

D. Autres études pertinentes (tableau 3)

En ce qui a trait à la documentation, trois études descriptives non expérimentales ont été repérées et désignées comme pertinentes à l'évaluation de l'allergénicité de la moutarde. Ces études sont présentées au tableau 3.

Dans le cadre d'une analyse rétrospective effectuée par Andre et al. (1994), sur une période de neuf ans, on a tenté de déterminer quels sont les aliments les plus fréquemment associés à une réaction anaphylactique. La moutarde était associée à 3 % des réactions graves. Les auteurs ont remarqué une tendance croissante de la fréquence de sensibilisation à la moutarde au fil du temps. Cette observation concorde avec l'opinion exprimée dans un article rédigé par Rancé (2000).

Dans une étude prospective sur la prévalence, 544 enfants ayant des antécédents d'allergies alimentaires (confirmées par une provocation orale) ont été intégrés à l'étude (Rancé et al., 1998; Rancé et al., 1999a et 1999b). Parmi les 544 enfants, 49 (9 %) ont obtenu des résultats positifs au test pour l'allergie à la moutarde, soit par la piqûre, soit par le test des IgE spécifiques. Dans le cadre de cette étude, la moutarde était classée au 4e rang des allergènes les plus courants. En outre, l'un des enfants du groupe a réagi positivement à la moutarde en subissant une réaction anaphylactique. Cependant, la dose déclenchante de l'anaphylaxie n'est pas précisée dans le rapport. La dose cumulative à laquelle ont eu recours les auteurs pour tous les allergènes soumis à l'essai s'échelonnait de 0,1 à 10 g d'aliment lyophilisé.

Lors d'une étude de cohorte réalisée par Caballeros et al. (2002), parmi 29 sujets ayant obtenu des résultats positifs au test par piqûre et au test des IgE spécifiques pour déterminer l'allergie à la moutarde, 14 (48 %) ont subi une réaction anaphylactique et 19 (65 %) ont subi des réactions systémiques. La gamme des réactions cliniques comportait la perte de connaissance, la dyspnée, l'oedème de Quincke, l'urticaire généralisée, des symptômes gastrointestinaux, le syndrome d'allergie orale, la conjonctivite et la rhinite. Les symptômes qui se sont manifestés le plus souvent sont l'oedème de Quincke (55 %) et l'urticaire (34 %) (Caballeros et al., 2002). Pour la plupart, ces symptômes sont considérés comme légers (Brown, 2004). Cependant, ils peuvent devenir graves dans les cas d'urticaire généralisée et d'oedème de Quincke évoluant rapidement et touchant le visage et le cou (y compris la glotte). Des symptômes de ce type peuvent provoquer un risque élevé d'obstruction des voies respiratoires et d'hypoxie.

E. Rapports de cas (tableau 4)

Dans la documentation, on a relevé 15 rapports de cas qui ont fait état de réactions allergiques à la moutarde. Parmi ceux-ci, 2 rapports de cas traitaient de cas au Canada et les 13 autres traitaient de cas ailleurs dans le monde, dont : en Espagne (5 rapports), en Italie (2 rapports), en Suède (2 rapports), en France (2 rapports), en Allemagne (1 rapport) et en Turquie (1 rapport). Ces rapports de cas sont présentés en ordre chronologique par date de publication au tableau 4 (1) (Rapports canadiens) et au tableau 4 (2) (Rapports internationaux). Ces rapports de cas présentent la description de la gravité des réactions à la moutarde, de même qu'ils révèlent la source de l'exposition à la moutarde et de la contamination croisée.

  1. Rapports canadiens

    Yip et Zimmerman (1999) ont fait état de cinq cas d'allergie à la moutarde chez des enfants (quatre garçons et une fille). De ces cinq enfants, trois étaient âgés de trois ans ou moins et les autres étaient âgés de cinq et de sept ans. Tous les enfants avaient des antécédents d'allergies alimentaires multiples et trois des cinq étaient atopiques.

    Les réactions à la moutarde étaient les suivantes : l'oedème de Quincke, l'obstruction des voies respiratoires supérieures, l'urticaire, le sifflement, les vomissements suivant immédiatement l'exposition et l'enflure des lèvres. Deux cas avaient subi au moins un épisode d'obstruction des voies respiratoires ou d'anaphylaxie nécessitant des soins hospitaliers. On a considéré que ces symptômes étaient de modérés à graves (Brown, 2004). Dans au moins un cas, l'allergène était caché dans le glaçage d'un jambon préparé. Dans tous les cas, la sensibilité à la moutarde a été appuyée par un test par piqûre. Cependant, sur la base des antécédents cliniques des sujets, aucun des cas n'a été provoqué oralement avec de la moutarde, et ce, en raison du risque élevé de réaction grave.

    L'autre rapport canadien ne traitait que d'un seul cas. Une femme de 50 ans avait eu des antécédents de réactions anaphylactiques après l'exposition à la moutarde. Les antécédents cliniques étaient appuyés par des résultats positifs au test par piqûre pour la moutarde. Ce cas n'était pas détaillé davantage (Connors et al., 2006).

    Ces rapports canadiens fournissaient les seules données nord-américaines ayant trait aux réactions allergiques à la moutarde. Aucun des rapports canadiens ne faisait état de résultats avec des IgE spécifiques à la moutarde ni de tests de provocation par voie orale.

  2. Rapports internationaux

    Pour la plupart des cas internationaux, l'information fournie était limitée, car aucun rapport de cas ne faisait état de provocations orales. Néanmoins, les rapports de cas ont fourni de précieux renseignements sur la gravité des réactions, lesquelles ont été provoquées par l'ingestion de petites quantités de moutarde. Les réactions variaient de l'anaphylaxie aiguë jusqu'aux symptômes cutanés généralisés et, dans la plupart des cas, on faisait état de réactions graves à modérées à la moutarde. Parmi les 13 rapports de cas internationaux, lesquels décrivaient 22 cas individuels de réactions allergiques à la moutarde, 15 personnes ont subi des réactions de type anaphylactique qui ont exigé une intervention médicale d'urgence. Les réactions sont survenues après l'ingestion de petites quantités de moutarde : certaines en raison d'une contamination croisée dans des repas-minute, et dans un cas, la réaction a été provoquée par les émanations de moutarde (Malet et al., 1993). Ceci permet de présumer qu'une dose très faible peut suffire pour provoquer une réaction grave à la moutarde dans les aliments. Dans tous les cas, les personnes avaient obtenu des résultats positifs au test par piqûre et au test des IgE spécifiques à la moutarde.

Analyse

Une évaluation globale de la documentation disponible permet de présumer que la base de données fondée sur le plan scientifique pour évaluer l'allergénicité alimentaire potentielle de la moutarde est robuste. Cependant, les limites suivantes de l'examen systématique de la documentation ont été prises en considération pour la détermination de la validité scientifique de l'ajout de la moutarde à la liste des allergènes alimentaires prioritaires au Canada.

Peu de documents faisaient état de tests de provocation par voie orale en double aveugle comparatifs avec placebo ou de provocation par voie orale. Cependant, les auteurs ont convenu que la difficulté de masquer le goût prononcé de la moutarde a limité les tentatives d'études comportant des tests de provocation par voie orale n double aveugle comparatifs avec placebo. Qui plus est, les antécédents cliniques de la majorité des sujets qui ont participé aux études sur l'allergénicité révélaient un risque élevé de réactions systémiques graves à l'ingestion de moutarde et, par conséquent, le recours aux provocations orales pour confirmer que la moutarde constituait bien l'ingrédient alimentaire responsable du déclenchement de la réaction allergique posait des questions d'ordre éthique.

Un grand nombre de publications repérées au moyen d'une recherche dans la base de données initiale ont été écartées de notre évaluation, car les études ne portaient que sur les expositions cutanées, respiratoires et (ou) professionnelles. Ces données ont été considérées comme non pertinentes à l'égard de la question de l'allergénicité alimentaire. Toutefois, il est reconnu que ces renseignements sont importants pour les cliniciens lorsqu'il s'agit d'évaluer la possibilité de troubles professionnels ou environnementaux, particulièrement dans les endroits où la moutarde est cultivée et (ou) transformée.

Une grande disparité dans la présentation des données a été constatée, en particulier concernant la quantité et le degré de détails de l'information fournie ainsi que la description et l'interprétation des symptômes cliniques. Les données pertinentes pour l'évaluation de l'allergénicité de la moutarde étaient fréquemment présentées dans des publications dont le principal objectif d'étude ne comportait pas précisément l'allergénicité de la moutarde. Cette situation a rendu le repérage de l'information pertinente plus ardu et a pu entraîner l'exclusion de renseignements sur la moutarde. Qui plus est, plusieurs des études publiées par les mêmes groupes de chercheurs ont pu faire état de données issues de publications antérieures dans des publications plus récentes et (ou) ont pu faire état des mêmes données, mais en langues différentes. Notre examen a porté sur des publications en anglais, en français et en espagnol. Par conséquent, lorsque c'était possible, la redondance des données a été repérée et celles-ci ont été éliminées de l'interprétation de la base de données.

Malgré les limites déterminées de l'examen systématique de la documentation, la base de données disponible procure de l'information scientifique valable pour la prise de décision réglementaire et elle satisfait aux critères canadiens pour l'ajout d'un aliment à la liste des allergènes alimentaires prioritaires.

Le premier critère des recommandations du Comité mixte FAO/OMS d'experts des additifs alimentaires (JECFA) adoptées par le Canada stipule l'existence d'une relation de cause à effet crédible, établie sur la base de résultats positifs à des tests de provocation orale en double aveugle comparatifs avec placebo ou de rapports faisant état, sans équivoque, de réactions dont les caractéristiques correspondent aux caractéristiques typiques des réactions allergiques ou d'intolérance. La base de données existante comprend deux études d'essais par provocation orale en double aveugle comparatifs avec placebo dont l'une a été menée selon un plan d'étude aléatoire auprès d'adultes (Figueroa et al., 2005) et l'autre, selon un plan d'étude non aléatoire auprès d'enfants (Morisset et al., 2003). Un essai par provocation orale en simple aveugle comparatif avec placebo positif mené auprès d'enfants (Rancé et al., 2000 et 2001) a aussi été considéré à titre d'étude charnière dans l'évaluation de la relation de cause à effet de la moutarde, car la catégorie de preuves issues de ces études est considérée comme robuste selon les critères de la qualité des preuves établis par l'ACAAI (2006). En plus de ces études, des études à l'appui ont été catégorisées selon la qualité des preuves que procure le plan d'étude et elles ont été évaluées en conséquence (tableaux 1 à 4 et Annexe 2).

La prévalence des allergies à la moutarde parmi les sujets ayant participé aux études cliniques charnières a été établie comme suit : Morisset et al. (2003) ont fait état d'une confirmation chez 23 % des enfants ayant eu des antécédents de réactions à la moutarde alors que des IgE spécifiques de la moutarde ont été retrouvées après un test de provocation par voie orale avec l'assaisonnement à la moutarde. Comparativement à Rancé et al. (2000 et 2001), ce taux est faible puisqu'ils ont affirmé que 42 % des enfants déjà sensibilisés ont subi une réaction confirmée par les IgE à une provocation orale avec un extrait de graines de moutarde et que selon Figueroa et al. (2005), ce fut le cas pour 58 % des adultes atopiques qui ont subi une provocation avec de la moutarde préparée.

Dans la base de données actuelle, la vaste majorité des populations à l'étude étaient atopiques ou avaient des antécédents familiaux d'atopie. Dans l'essai de Figueroa et al. (2005), 92 % des sujets avaient eu des antécédents d'atopie, et dans l'essai de Rancé et al. (2000 et 2001), 81 % des enfants avaient des antécédents familiaux d'atopie. Le terme atopie décrit la prédisposition héréditaire à produire des IgE de manière excessive au contact d'allergènes courants présents dans l'environnement et auxquels tous sont exposés, sans que cela provoque la production prolongée d'anticorps IgE chez les sujets normaux. Ainsi, l'atopie est le terme clinique pour désigner une forte production d'anticorps IgE (Johansson et al., 2001 et 2004). Avoir recours à des groupes de personnes atopiques dans les essais cliniques n'est pas considéré comme une fausse représentation des risques provoqués par le potentiel allergénique de la moutarde parce que ce segment sensible de la population représente la majorité des personnes qui sont prédisposées aux allergies alimentaires. La capacité de la moutarde de déclencher une réaction dans laquelle interviennent les IgE est valable, que la personne soit atopique ou non.

Les sujets ayant des antécédents cliniques d'anaphylaxie ont été exclus de la participation aux provocations orales. Dans l'essai de Figueroa et al. (2005), 11 % des sujets ont été exclus en raison de leurs antécédents cliniques de réactions systémiques graves. Néanmoins, on a fait état de cas d'anaphylaxie dans les études comportant des provocations. Un des 14 sujets sans antécédents d'anaphylaxie a subi une réaction anaphylactique après une provocation à la moutarde préparée, et 2 % ont subi une réaction anaphylactique causée par l'exercice (Figueroa et al., 2005). Les autres manifestations cliniques comportaient le syndrome d'allergie orale, l'urticaire et l'oedème de Quincke, lesquelles sont considérées comme des réactions légères (Brown, 2004). Cependant, lorsque l'oedème laryngé, l'asthme ou d'autres symptômes respiratoires s'ajoutent à ces réactions, et ce, plus particulièrement chez les personnes ayant des antécédents d'asthme, ces réactions sont considérées comme étant modérées ou graves.

Dans la base de données, on a relevé des observations qui appuient la conclusion selon laquelle de très petites quantités de moutarde suffisent à déclencher une réaction. Cependant, l'information est insuffisante pour estimer le seuil de la dose (Tailor et al., 2004). Les estimations de la dose déclenchante dans les études charnières varient de 124,8 ± 119,7 mg de graines de moutarde dans l'essai de Figueroa et al. (2005) à la dose la plus faible dont Morisset et al. (2003) ont fait état, soit de 40 mg d'assaisonnement à la moutarde (l'équivalent de 13,5 mg de graines de moutarde et de 0,8 mg de protéines) chez un enfant. La plupart des rapports de cas indiquent que la moutarde préparée ou la moutarde présente dans d'autres préparations telles que la trempette pour le poulet, la mayonnaise et les sauces à salade était l'aliment déclenchant des réactions allergiques. Seul un rapport de cas (Kanny et al., 1995) présentait l'estimation de la concentration de moutarde dans la trempette ayant provoqué la réaction, soit 0,15 mg de moutarde dans 100 mg de trempette. Dans d'autres rapports de cas, on s'est limité à indiquer que la quantité de moutarde associée à la réaction était faible ou que la moutarde était présente en quantité trace; on y faisait état de contamination croisée dans un repas-minute, d'une source cachée de moutarde dans le glaçage d'un jambon et, dans un cas, des émanations de la moutarde (Malet et al., 1993).

Le second critère des recommandations du Comité mixte FAO/OMS d'experts des additifs alimentaires (JECFA) adoptées par le Canada requiert des rapports de réactions systémiques graves à la suite de l'exposition à la denrée alimentaire. Selon les résultats des essais de provocation orale en double aveugle comparatifs avec placebo (Morisset et al., 2003; Figueroa et al., 2005), le risque de réactions graves et d'anaphylaxie semble plus élevé chez les adultes que chez les enfants. Des réactions anaphylactiques ont été observées chez 2 % des enfants (Rancé et Dutau, 1997; Rancé et al., 1998; Rancé et al., 1999a et 1999b) et chez jusqu'à 48 % des adultes atteints d'une allergie à la moutarde confirmée (Caballeros et al., 2002). Dans un rapport de cas d'origine canadienne, deux des cinq enfants ont éprouvé des réactions graves à l'ingestion de moutarde, lesquelles ont exigé une intervention médicale d'urgence. En raison du risque élevé d'une autre réaction grave, ces cas n'ont pas été confirmés par une provocation orale à la moutarde. Parmi les 13 rapports de cas internationaux, lesquels décrivaient 22 cas individuels de réactions allergiques à la moutarde, 15 personnes ont subi des réactions de type anaphylactique qui ont exigé une intervention médicale d'urgence. Les autres réactions graves décrites dans les rapports de cas comprennent : l'oedème laryngé, l'urticaire généralisée et l'asthme.

Le troisième et dernier critère des recommandations du Comité mixte FAO/OMS d'experts des additifs alimentaires (JECFA) adoptées par le Canada requiert l'évaluation de toutes les données canadiennes disponibles sur la prévalence chez les enfants et les adultes issues d'études cliniques adéquates ou, autrement, des données disponibles provenant d'autres pays. Les données sur la prévalence ne sont pas disponibles au Canada ni dans plusieurs régions du monde. Cependant, on pourrait estimer que l'allergie à la moutarde se classe au 3e/4e rang parmi les allergènes les plus courants chez les enfants en France (Rancé et al., 1998; Rancé et al., 1999a et 1999b; Rancé et Dutau, 1997; Rancé et Dutau, 1998; Rancé et Dutau, 2002) et probablement, au 1er rang des allergènes du groupe des épices (Rancé et al., 1994; Niinimäki et al., 1989; Niinimäki et al., 1995). Ces données européennes sont appuyées par la base de données actuelle tel que discuté auparavant en traitant des critères 1 et 2. Qui plus est, la moutarde paraît sur la liste la plus récente des 14 allergènes devant faire l'objet d'une déclaration sur les étiquettes (mise à jour en 2007 par la Commission européenne (CE, 2007), et la moutarde est reconnue comme allergène par l'Union internationale des sociétés d'immunologie (UISI, 2009).

La manifestation de symptômes allergiques chez des sujets âgés de moins de trois ans constitue une autre observation digne de mention issue de la base de données actuelle. Dans un essai, ce groupe d'âge représentait jusqu'à 53 % des sujets (Rancé et al., 2000; Rancé et al., 2001), et dans une autre étude (Niinimäki et al.,1989), on a fait état de résultats positifs au test par piqûre chez 3 enfants âgés de 1 à 1,5 an qui ont été allaités pendant 11 mois et qui n'ont jamais ingéré de moutarde. La documentation présente plusieurs hypothèses pour expliquer l'apparition précoce des allergies à la moutarde. Parmi celles-ci, on note : la sensibilisation in utero, pendant l'allaitement ou la présence de moutarde dans les aliments pour bébés. Cette question requerra une recherche plus approfondie. Qui plus est, il existe aussi des preuves à l'appui de la sensibilisation croisée avec le pollen et d'autres aéroallergènes. Figueroa et al. (2005) ont fait état de 83 % d'adultes ayant une sensibilisation primaire respiratoire (exposition à la poussière de moutarde ou réactivité croisée à des aéroallergènes). Il est évident que la sensibilisation et les réactions à la moutarde peuvent être déclenchées par la sensibilisation croisée avec d'autres aéroallergènes ou par le contact avec la poussière de moutarde ou l'inhalation de celle-ci dans les secteurs où on cultive de la moutarde. Cette information est importante pour les consommateurs canadiens, car le Canada est l'un des principaux producteurs de graines de moutarde.

En plus des recommandations du JECFA (CAC, 1999) adoptées par le Canada pour l'ajout d'un aliment à la liste des allergènes alimentaires prioritaires du Codex par les pays individuels, le Règlement sur les aliments et drogues définit l'expression allergène alimentaire en précisant que c'est la part protéique de l'aliment qui est responsable de provoquer les réactions allergiques. Les principales protéines allergéniques de la moutarde ont été identifiées et caractérisées. Sin a 1 est la protéine de réserve de la graine de la moutarde jaune associée aux réactions allergiques. Elle est résistante à la dégradation par la chaleur et par les enzymes digestives et interagit avec les lipides membranaires (Gonzàlez de la Pene et al., 1996; Monsalve et al., 1993, Onaderra et al., 1994). Ces caractéristiques permettent de présumer que les protéines allergéniques de la moutarde peuvent demeurer intactes tant après le processus de transformation que de digestion et provoquer une réaction allergique chez une personne prédisposée. Qui plus est, les protéines de réserve de la graine présentes dans la moutarde ont aussi été isolées dans les noix du Brésil, de la noix, et les graines de sésame, soit dans des aliments qui paraissent déjà à la liste des allergènes alimentaires prioritaires au Canada (Bush et Helfe, 1996, Menendez-Aris et al., 1988; Teuber et al., 1998). Les caractéristiques structurales de Sin a 1, semblables à celles de protéines caractérisées dans d'autres types de moutarde, indiquent que les individus sensibles à une espèce de moutarde sont vraisemblablement sensibles aux autres espèces.

La moutarde préparée est couramment utilisée comme condiment, et les graines de moutarde ainsi que la poudre de moutarde sont de plus en plus utilisées dans la cuisine tout comme dans les aliments transformés et préemballés, et ce, pour leurs propriétés aromatiques, émulsives, hydrophiles et texturantes (AAC, 2009a). Le Règlement sur les aliments et drogues actuel exempte certains ingrédients, préparations et mélanges de la déclaration de leurs constituants dans la liste des ingrédients sur l'emballage des aliments, ce qui peut faire en sorte que des sources de moutarde demeurent non déclarées sur l'étiquette des aliments préemballés. Puisque les consommateurs atteints d'allergies alimentaires doivent se fier à l'information fournie sur l'étiquette des aliments pour éviter les aliments qui contiennent les ingrédients auxquels ils sont susceptibles de réagir, Santé Canada a proposé des modifications réglementaires pour divulguer la présence de ces sources potentielles d'allergènes alimentaires cachés. Conformément aux modifications réglementaires proposées, Santé Canada exigerait la déclaration de la moutarde sur l'étiquette des produits alimentaires préemballés, soit dans la liste des ingrédients, soit dans une déclaration commençant par ces mots : « Information sur l'allergie et l'intolérance - Contient : ... », et ceci, lorsque la protéine de moutarde est présente dans un produit alimentaire préemballé.

Conclusions

Une évaluation de la base de données actuelle sur l'allergénicité de la moutarde a fourni : des données internationales à l'appui d'une relation de cause à effet crédible, des rapports de réactions systémiques graves, dont l'anaphylaxie, à la suite de l'exposition à de très faibles quantités de moutarde dans les aliments; la preuve que l'allergie à la moutarde est courante dans certaines régions de l'Europe et qu'elle a été intégrée à la liste des allergènes prioritaires de la Communauté européenne; des rapports de cas canadiens à l'appui de l'existence d'allergies alimentaires à la moutarde chez des enfants et des adultes au Canada; la preuve que les trois types de graines de moutarde sont disponibles au Canada et que la moutarde est utilisée en cuisine ainsi que dans les aliments transformés et préemballés; des résultats d'études de caractérisation indiquant que les protéines allergéniques de la moutarde résistent à la dégradation par la chaleur et les enzymes digestifs et sont, par conséquent, susceptibles de supporter la transformation des aliments; l'information que la moutarde est utilisée dans les procédés alimentaires, ce qui peut crée une source « cachée » d'allergène alimentaire; et la preuve que les personnes qui sont sensibles aux protéines allergéniques d'un type de moutarde sont vraisemblablement sensibles aux autres. D'autres facteurs font en sorte que l'allergie à la moutarde soit pertinente en contexte canadien; il s'agit de la réactivité croisée potentielle entre la moutarde et la graine de colza, du fait que le Canada soit un important producteur de ces deux végétaux et du fait que la sensibilisation à la moutarde puisse survenir par l'exposition dermique et respiratoire.

Recommandations

Sur la base des conclusions de ce rapport, on recommande que la moutarde soit ajoutée à la liste canadienne des allergènes prioritaires et que les modifications proposées au Règlement sur les aliments et drogues en matière d'étiquetage des allergènes alimentaires soit appliquées en conséquence.

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